[#Psycho] L’impact des surnoms sur nos enfants

Un article que j’avais envie d’écrire depuis longtemps, car bien souvent, en se baladant dans les parcs ou les sorties, nous voyons beaucoup de parents et personnes donnant des surnoms à leurs enfants sans vraiment en comprendre les impacts.

Mise en place de la scène

C’est votre première année d’école. Vous êtes assis parmi 30 élèves que vous ne connaissez pas quand tout à coup la maîtresse vous dit « Les enfants, je vous présente Julien, il est tout nouveau. Bienvenue Julien ».

Électrochoc

Elle a prononcé votre prénom ! Cela vous fait même plaisir, car vous vous sentez reconnu, ce n’est pas Juju, Jul , Bouboule ou bien mon Bébé ! Elle a dit votre prénom ! Qu’il est bon de se sentir reconnu dans son individualité. 

Introduction

Nous rencontrons énormément de parents autour de nous qui donnent à leurs enfants des surnoms tels que « ma puce », « ma boulette », « bouboule »… Si ces parents voient dans ces surnoms un côté affectif, qu’en est-il des enfants ? Que se passe-t-il dans leur cerveau ? Ces surnoms, ne contribuent-ils pas, involontairement, à leur apposer une étiquette ? 

Je suis persuadé qu’un parent qui appelle sa fille « Ma Puce » n’a pas l’image du parasite lorsqu’il appelle son enfant. Il s’agit la plupart du temps de surnoms affectueux, généralement utilisés lors de phrases à caractère affectives :

  • Comment s’est passée ta journée ma puce ?
  • Je t’aime ma fifille
  • Comme tu es gentil mon poussin.

Affectueux versus Impactant

Si nous avons vu au-dessus que beaucoup de surnoms sont donnés lors de moments d’amour, donc lors de situations positives, où tout se passe bien, qu’en est-il lorsque le parent se remet à appeler son enfant par son prénom ?

Ce dernier, peut-il imaginer que dans ce cas, il ne s’agisse pas d’un échange affectueux, et donc que la situation est plus sérieuse ? Peut-il imaginer qu’il a fait quelque chose d’inapproprié ? N’êtes-vous pas les premiers en tant qu’adulte à ne pas aimer dans un couple lorsque votre conjointe ou conjoint soudain vous appelle par votre prénom ou plus « Ma chérie ou mon chéri ? »

Trop souvent les parents donnent des surnoms tout mignons à leurs enfants quand les conditions sont favorables et les parents se mettent soudainement à appeler leurs enfants par leur véritable prénom. L’enfant commence alors à générer des hormones de stress en sachant que cela sort du cadre. Imaginez la même chose chez l’enfant s’il entend au loin le boulanger dire : « Eh Julien !!! ». L’enfant, entendant son prénom, se retrouve alors dans une situation de crainte alors qu’il n’y a pas lieu d’être.

Il m’est arrivé de demander un jour à un enfant de 8 ans si cela lui faisait plaisir d’entendre sa mère l’appeler « Mon loulou » tout le temps et de découvrir que la réponse était négative et cela faisait longtemps qu’il n’aimait plus. L’enfant étant dans un cadre continuel d’étiquette, il n’ose plus dire qu’il n’apprécie plus, de peur de ne plus être aimé même si la phrase ne lui plaît plus.

Le terme possessif

La première question à ce sujet est de se dire qu’au-delà du terme gentil utilisé (puce, loulou, princesse etc), il y a également le déterminant possessif (mon, ma, mes). Or, si vous réfléchissez bien, votre enfant ne vous appartient pas à partir du moment où il recherche son individualité.

Bien entendu, à 2 ans ou 3 ans, l’enfant ne recherche pas spécialement à affirmer son individualité et aura tendance à apprécier l’utilisation de ce déterminant possessif afin de se sentir appartenir à la famille. En général, lorsque l’enfant va commencer à chercher son intimité (toilette, salle de bain, isolement dans la chambre au calme), c’est l’âge approprié pour commencer à ne plus utiliser le déterminant possessif. Car il cherche à se dissocier du groupe et de devenir à lui seul une part entier et divisible de la famille tout en étant dedans.

Le surnom affectif

Dans le cas des surnoms positifs, je vous poserais la simple question : est ce vraiment utile d’utiliser un surnom tout le temps alors que vous avez passé peut-être des mois à chercher le prénom de ses rêves ? 

Pensez vous qu’en utilisant ce surnom vous allez lui faire aimer son prénom que vous avez choisi pourtant ensemble avant sa naissance ? Et si vous arriviez à un nouveau travail et que le jour de votre arrivé, le patron vous présente ainsi : « Merci d’accueillir dans notre équipe la venue de FloFlo, Comment allez vous FloFlo ! » à la place de Florence ?

Auriez-vous le sentiment d’être reconnu comme une personne avec vos capacités et votre force ou bien comme une enfant ?

N’oublions pas également que les tout-petits n’ont pas la capacité à comprendre le second degré.

Le surnom impactant

Imaginez le nombre d’enfants qui subissent la violence de certains mots qui pourtant paraissent affectifs. Qu’il y a t’il de pire pour un enfant d’entendre sa mère l’appeler « affectueusement » : Ma grosse, ma bouboule, ma boulette ?

Quelle sera l’image pour un enfant de se voir comme une boule ? une grosse ? Aimeriez vous que votre conjoint vous parle ainsi : « Tu veux qu’on aille dormir ma grosse ? »

Parlons autonomie. Votre enfant est quotidiennement en quête d’évolution et de devenir un grand, que pense votre enfant lorsque vous l’appelez « Mon Bébé », « Ma petite chérie » ? Est ce que cela valorise ses efforts ? N’est t’elle pas tout le temps en train de vous dire « Je suis une grande moi » et vous ne comprenez pas le message ?

Imaginez que vous appelez votre enfant « Mon ange » et que des personnes lui expliquent (négativement, cf mon article sur la mort) que les gens meurent et deviennent des anges dans le ciel. Que penseras votre enfant lorsqu’il entendra « Mon Ange » ?

Imaginez votre adolescente, commençant à avoir des boutons que vous appelez « Ma Belle » est ce vraiment le regard qu’elle a devant le miroir lorsqu’elle se regarde ?

Dans son livre J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat définit les étiquettes comme des termes qui « déclenchent une réaction de stress dans l’organisme », « inhibant les capacités de l’enfant », étiquettes auxquelles l’enfant « se conformera ».

Le « on » non identitaire

L’enfant qui vit dix heures par jour baigné dans le collectif et qui fait partie d’un tout, d’un groupe, qu’on nomme plusieurs fois par jour :

  • Allez les enfants, on va manger
  • Les enfants, on avance en rang
  • On range les jouets

Cet enfant résumé par ce « on », la plupart du temps dans les collectivités se sentira estimé lorsque l’adulte s’adressera à lui de manière individuelle. En le nommant, par son prénom.

Il en va de même dans des familles nombreuses lorsque les parents utilisent le terme « On » pour faire bouger, manger, donner un ordre à la fratrie.

Il est encore pire lorsque, dans la crèche, vous avez deux enfants du même prénom (cas que j’ai vécu avec ma fille) ou soudainement l’enfant n’est plus nommé par son prénom mais par son prénom ET le nom (encore moins humain).

Quand se remettre en question

Bien sûr, on ne va pas interdire aux parents de donner des surnoms. Nous aimons toujours, dans un couple, entendre des petits surnoms affectueux, mais à mon avis, il y a plusieurs choses qu’il faut savoir mettre en pratique.

Expliquez

Il est important pour l’enfant de comprendre pourquoi on lui donne ce surnom, car cela lui permet de comprendre qu’il est représentatif d’une situation ou bien d’un événement. Et surtout de lui dire ce qu’est un surnom.

Encore hier, et presque plusieurs fois par mois, j’explique à ma fille que je l’appelle « Cacahuète » car elle adorait, étant petite, que je lui chante une chanson rigolote et en la chatouillant en disant « Caaaaacaaaahuette, cacahuette, huette, huette » et donc comprend que cela vient d’un moment complice et agréable que nous avions tous les deux. Cela la fait extrêmement sourire et elle apprécie que je lui rappel pourquoi.

Donc hésitez pas à expliquer le pourquoi vous appelez votre enfant « princesse, puce », cela lui permet de comprendre pourquoi et ne pas s’identifier à la première fois ou elle verra la photo d’une « puce » ou d’une princesse « endormie » dans une histoire de Disney.

Demandez

Plus votre enfant grandis et plus il est important de lui poser de temps en temps la question du « Est ce que tu aimes encore que je t’appelle Princesse ? ».

Sa réponse doit être déterminante sur votre réaction à changer face à ce besoin d’individualité. Si votre enfant exprime le souhait de ne plus être appelé ainsi, c’est qu’il est en quête de son identité, alors encouragez le dans ce sens.

Mixez

Hésitez pas à mixer le surnom et prénom. Il sera moins stressant pour un enfant d’entendre son prénom dans des démarches affectives qu’uniquement dans les cas contraires. Hésitez pas à dire « Ma puce » ainsi que « Ma Julie « , car cela permet à l’enfant de ne pas catégoriser son prénom comme un événement négatif.

Il va sans dire qu’il est négatif aussi d’écorcher son prénom « Florence c’est Florence, pas Flo » de la même façon pour un garçon « c’est Julien, pas Juju »

Conclusion

Je pense qu’il est important que nous soyons vigilants afin de ne pas enfermer l’enfant dans un comportement qui colle avec le surnom qui lui est donné, comme faisant partie intégrante de sa personnalité. 

Même avec des surnoms qui peuvent paraître tous mignons au premier abord, il est possible que l’on colle inconsciemment des étiquettes à nos enfants et que nous engendrions des craintes inutiles sur son poids, sa grandeur, sa petitesse ainsi que son développement autonome. Cessons les « Ma petite », « Mon bébé « , car ils ne le sont plus du tout, mais ils veulent être des grands.

Un petit livre ?

Et oui, je remercie Papa Positive pour son livre qu’il présente dans son article, qui est excellent :

« Bonjour mon petit coeur » met en scène une famille de hamsters. Lola, la petite fille, est confrontée aux moqueries de Lulu qui vient d’apprendre que les parents de Lola l’appelle « mon bébé, mon petit cœur ou ma petite fée ». Blessée par cette attaque déloyale, Lola va mener son enquête sur les petits noms.

Références

La petite enfance : https://lesprosdelapetiteenfance.fr/vie-professionnelle/paroles-de-pro/chroniques/les-chroniques-danne-cecile-george/les-surnoms-par-anne-cecile-george

Article de Papa Positive : https://papapositive.fr/mon-coeur-et-autres-petits-noms-on-en-discute/

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3 réflexions sur “[#Psycho] L’impact des surnoms sur nos enfants

      1. Chipolata, mon chocapik et plein de surnoms stupides que mon mari lui donnent… mais ma fille du haut de ses 2 ans et demi lui répond et toi tu es ma chiffe molle… miam un chocapik! Enfin c’est plutôt un jeu entre les deux que de véritables surnoms c’est mignon mais pas sûr que dans quelques années ça plaise lol

        Aimé par 1 personne

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