[#Psycho] Les fratries horizontales et verticales

Lorsque j’étais en couple (en famille recomposée), je me suis posé une question simple et pourtant complexe : Comment faire une bonne fratrie ?

J’ai cherché des études, des articles, des livres, des actualités etc pour découvrir un fait évident que vous pouvez faire vous même en cherchant sur Google : ben y a pas grand chose qui explique les fratries et comment la construire à part les conseils de pro « évitez qu’ils en viennent aux mains » (oui ben merci madame la psy, je vais pas leurs donner des flingues non plus)

J’ai donc chercher pendant plusieurs jours à étudier les informations et j’ai réussi à trouver une notion vraiment peu connu mais pourtant évidente : fratries horizontales et verticales.

Fratries horizontales et verticales

Je vois déjà votre tête et votre appétit de curiosité (ou plutôt l’envi de faire un break 5 minutes au boulot pour lire un truc qu’on voit pas partout).

Qu’est ce que c’est ce truc ?

On rencontre fréquemment des parents dans la rue, dans les boulangeries, dans les parcs qui, par soucis d’équité, tentent d’éduquer la fratrie sans faire de différence entre les enfants. D’autres parents, par contre, préfèrent marquer la différence. Deux fratries se dessinent alors. L’une horizontale, l’autre verticale.

La fratrie horizontale

Au sein d’une fratrie horizontale, frères et sœurs, sont élevés sans distinction réelle de statut. En clair, on donne la confiance et on distribue les responsabilités, ou l’on reconnaît des droits, sans tenir compte de l’ordre de naissance dans la fratrie.

Respectant ses perceptions, le plus souvent subjectives, le parent privilégie parfois le plus petit au détriment du plus grand si celui-ci se montre immature ou inversement, il va se rapprocher du plus grand s’il se montre plus inventif que le plus petit.

Ainsi, chaque enfant se retrouve arbitrairement investi. Tour à tour bénéficiaire ou dépositaire de la confiance ou des attentes parentales. L’enfant qui tente d’y répondre de son mieux, sent bien qu’en cas d’erreur de sa part il perdra, un temps, la confiance de son parent, pour le plus grand plaisir de ses frères ou sœurs !

L’ambiance ainsi entretenue par le parent fragilise la fratrie. Des rivalités apparaissent. La confiance parentale devient un enjeu. La solidarité et la collaboration entre les enfants ne peut alors s’installer. C’est souvent le bazar total et la foire d’empoigne dans la chambre ou ailleurs. Chacun veut être servi le premier.

Les nombreux conflits qui en résultent sont le signe d’une insécurité qui naît de ce que le parent, qui se veut juste, n’est pas ressenti comme tel. Il n’est pas rare en pareil cas d’observer des scènes violentes entre les enfants.

Pour faire simple : Construire une fratrie horizontal c’est donner des objectifs, proposer des choses, donner la même quantité de bonbons au même moment quelque soit l’age des enfants et aller dire au plus petit qu’il peut faire ça car son frère plus grand l’a déjà fait.

Exemple : Le petit veut un bonbon à la fraise, le grand arrive en courant et demande. Dans cet exemple, on va donner un bonbon à chacun et en rester la.

La fratrie verticale

Au contraire de la précédente, elle se caractérise par le fait que droits et devoirs des enfants, confiance et attentes parentales, tiennent compte d’une hiérarchie basé sur son age, ses besoins et son statut dans la fratrie.

Cela impliquera que le plus petit va convoiter avec envie les droits de son aîné, ce qui provoque chez lui le désir de grandir. Pendant ce temps, l’aîné constate, lui, qu’il a grandi et comprend qu’il est investi d’une place d’aîné.

Il se rassure sur des prérogatives qui l’amènent peu à peu à investir son statut d’aîné, la notion de responsabilité puis d’autonomie.

S’il s’agit là d’un fonctionnement plus juste et respectueux de la place de chacun, les conflits n’en sont néanmoins pas absents pour autant mais au long terme une idée simple que l’on peut lire dans ce témoignage :

« Ma sœur et moi, nous ne nous sommes jamais entendues, témoigne par exemple Pauline, 41 ans. Nous n’avons pas les mêmes goûts, pas les mêmes envies. Nous ne pouvons pas nous parler sans que cela ne dérape en dispute. Malgré tout, elle, c’est moi, et moi, c’est elle. Nous sommes comme les deux faces d’une même médaille. »

Ce qui permet, chez les enfants, l’éclosion de la collaboration et la solidarité dépend donc principalement du positionnement parental à leur égard.

Pour faire simple : Chaque enfant à ses propres besoins, ils n’ont pas les mêmes envies, on considère alors une éducation et une responsabilisation adapté pour les ages et la hiérarchie. La règle d’or c’est : « Ce que tu as envie n’est pas ce que tu as nécessairement besoin »

Exemple : je reprends l’exemple du dessus, le parent va alors donner un bonbon à la fraise au petit et va dire au grand : « je comprends que tu sois jaloux mais je préfère te donner une pomme car c’est plus adapté pour toi » ou bien « Est ce vraiment un bonbon que tu as besoin ou bien c’est juste parce ton frère vient d’en avoir un ? Tu préfères pas qu’on puisse jouer à ton jeu de carte tous les deux dans 5 minutes ? « 

Dans les faits

Dans la plupart des études ou cours, la fratrie reste alors enfermée dans une dimension verticale (enfants en dessous, parents au dessus) qui donne à voir les relations frères/sœurs principalement en termes de rivalité et de compétition pour l’amour des parents. Par contre, elle ne s’étudie que peu au niveau de la dimension entre les enfants eux-mêmes.

La fratrie a pour autre caractéristique de se constituer et de se modifier au fil des naissances.

Le premier enfant est à la fois le premier et le dernier. À la naissance des enfants suivants, il garde sa position de premier mais perd définitivement sa position de dernier acquise par le nouveau venu.

À part pour la position de l’aîné qui reste l’aîné de la fratrie indépendamment du nombre de frères et sœurs à venir, toute autre identité qu’un enfant peut acquérir au sein de sa fratrie est susceptible de changer.

Ce changement de situation des enfants vis-à-vis de leur fratrie se double d’un changement d’identité personnelle au fil de la construction même de la fratrie. L’enfant qui avait une position, des responsabilités, des liens avec le parent doit aller totalement changer ses repères et se reconstruire « une place » dans le milieu familial.

Je ne parle pas d’un troisième ou lorsque la fratrie dépasse 2 enfants ou soudainement, celui du milieu se retrouve à n’être plus rien du tout, ni le premier, ni le dernier mais possédant une place indécise entre l’aînée et le cadet ce qui engendre très souvent dans les fratries un mal-être dans les enfants qui ne sont pas « aux extrémités » de la fratrie.

Comment celui du milieu doit faire pour se situer ? Doit il prendre celui plus vieux comme repères ou bien s’occuper de celui plus petit ?

En résumé

Il est prouvé, dans les milieux éducatifs ou bien dans les milieux associatifs d’enfants, que cultiver la diversité et gérer les enfants selon leurs besoins et non leurs envies permet de créer des individus plus autonome et développant des intelligences, des émotions, des responsabilités adaptés à leurs identités.

Il va de même dans une fratrie.

Plus vous allez passer de temps à jouer à l’équité avec vos enfants et plus vous allez créer la compétition entre eux, le manque de responsabilité ainsi qu’une fratrie qui se basera sur la lois du plus fort (j’ai eu 2 bonbons et pas toi).

Plus vous allez passer votre temps à bien diversifier vos enfants selon leurs positions et selon leurs besoins et plus vous allez leurs permettre de grandir selon leurs potentiels et pas leurs envies.

Mais que faire avec nos enfants ?

Cultiver la fraternité verticale, c’est comme je le dis plus haut, savoir que ce qui est bon pour l’un n’est pas nécessaire pour l’autre. Analyser ce que vos enfants vous demandent : est ce par envie ou par besoin ? Est ce de la jalousie ou bien un besoin ?

Ne tentez pas non plus de demander à des enfants de 6 ans à pousser la poussette de votre enfant dans la rue, c’est inutile même s’il sera content de le faire.

Essayez plutôt de proposer des alternatives quand vous voyez que cela se rapporte trop à de l’horizontalité.

  • Mais pourquoi mon petit frère à eu un jouet tout à l’heure et pas moi ?

Répondre que cette réaction s’appelle être jaloux et que vous préférez, avec lui, faire un jeu de société pendant la sieste du petit, va lui apprendre que ce qu’il souhaite n’est pas ce qui est préférable pour lui.

  • Ma petite sœur a le droit à un yaourt à la fraise et pas moi !!!

Répondez lui que sa petite sœur prend un yaourt car elle a besoin de lait pour grandir et que lui moins, lui permet de comprendre qu’il est plus grand, qu’il est plus proche d’un adulte que d’un bébé ne sera que bénéfique pour lui.

  • Pourquoi elle a trois frites et moi aussi ? j’ai 5 ans de plus j’ai le droit à plus

Cessons le partage de frites dans les assiettes ou autre chose. Croyant bien faire, vous donnez pareil à l’un comme à l’autre ou voir plus. Croyez-en les psychologues, compter le même nombre de fraises, acheter tout en double, c’est une fausse bonne idée ! Les enfants élevés dans l’illusion du “tout pareil”, ne cesseront jamais de se comparer et de se jalouser. 

  • Ma sœur a eu 4 cadeaux et moi aussi !!

Cessons d’offrir à Noël la même quantité de jouets à l’un et à l’autre car cela n’apporte que de la compétition mais expliquez lui que vous préférez offrir un très beau livre de grand car à son age, avoir un livre qu’on garde pour la vie lui fera prendre conscience de ses responsabilités.

Ne comptez pas le temps de télévision à l’un et à l’autre car c’est totalement stupide (encore plus vu que déjà les écrans c’est pas bon) mais expliquez lui que de demander à ses petits frères s’ils veulent lire un livre avec eux lui fera perfectionner sa lecture et fera plaisir aux plus petits.

Conclusion

Une fratrie est un microcosme ultra compliqué, très souvent oublié de la psychologie préférant analyser les parents ou les relations parents-enfants que enfants entre eux.

Comprenez que, tout comme une entreprise ou une équipe, si elle fonctionne bien, c’est parce que la diversité et le rôle de chacun dans la team est bien cadré.

Mettez ensemble 10 graphistes, sans aucune règles (scrum, agility etc) et vous verrez que vous ne réussirez jamais à sortir une maquette.

Votre rôle en tant que parent c’est d’aider chacun des enfants dans la fratrie à trouver sa place en en soulignant leurs points forts.

Donnez une hiérarchie simple entre vos enfants, faites les interagir entre eux de par leurs responsabilités. Apprenez au grand à être grand envers les petits, apprenez à trouver le point fort de ceux qui ne sont pas aux extrêmes (si un est fort dans une activité, proposez lui d’aider les plus petits ou le plus grand s’il souhaite le faire).

Et surtout, laissez les se disputer. Les disputes ont une fonction essentielle, elles servent à chacun à prendre sa place et se faire respecter. Si vous les interdisez, vous privez vos enfants de moments constructifs. Le lien fraternel s’auto-régule, et les affrontements alternent avec des moments de complicité et de jeu. En cas de conflit, écoutez leurs plaintes et recadrez : « Je vois que vous êtes en colère mais vous devez vous respecter. »

Restez à l’écart en cas de petites disputes, laissez-leur une chance de résoudre seuls le conflit. Si besoin instaurer des tables de négociations, des réunions de familles en cas de problèmes, investissez les d’une tache à chacun, celui qui n’est pas en conflit arbitrera la négociation.

Vous allez me demander comment j’ai pu voir les différences ? Etant issu d’une famille bretonne, j’ai énormément de cousines et de diversités qui ont abouti à cela.

Comment voir si votre fratrie tourne bien ? c’est très simple :

  • Une bonne fratrie c’est des enfants qui se protègent entre eux,
  • Ils n’hésitent pas à mentir pour protéger le plus petit,
  • Ils passent du temps à comploter dans votre dos même gentiment,
  • Ils vont, pour votre anniversaire, faire un cadeau ensemble (collaboration),
  • Ils vont se voir, plus souvent que vous, quand ils ont des questions

Si vous voyez ça, c’est que vous avez construit les bases d’une bonne fratrie verticale.

Ensuite, cela n’est plus de votre ressort mais à eux de s’auto-gérer comme des adultes.

Références

Singularité et multiplicité des relations fraternelles : https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2004-1-page-23.htm

La fratrie comme ressource : https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2004-1-page-105.htm

Aîné, cadet…un rang pour la vie : https://www.psychologies.com/Moi/Moi-et-les-autres/Confiance/Articles-et-Dossiers/Trouver-sa-place/Aine-cadet-un-rang-pour-la-vie

Conseils juste à lire : https://www.parents.fr/enfant/education-et-vie-sociale/vie-de-famille/relations-familiales/freres-et-soeurs-30-conseils-education-60934

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